Jacques MORIN : Contrefeuilles, Gros Textes, 66 pages – 6 €.

Sous une couverture signée Marie-Claude Pignet, Jacques Morin entreprend de nous conduire vers les méandres glacés d’une mort annoncée. Les détails cliniques sont laissés au vestiaire afin de n’aborder que le simple vécu du quotidien.

« tu es ailleurs
dans le sas d’indifférence
à tutoyer les ombres

épure idéale vers l’absence »

La mort du père donne à Morin l’occasion de s’interroger sur la vie, sur la mort, sur le passage obligé, sur l’impuissance, sur la fragilité des êtres devant la maladie, la vieillesse et surtout la déchéance.

De très belles formules permettent au lecteur de partager l’angoisse de Morin qui réalise tout à coup qu’il est mortel et que toutes les déclinaisons imaginables aboutissent au même résultat.

Parfois révolté (par un laconique « date de péremption », par exemple), parfois blessé par un sort injuste qui frappe et s’en va, parfois furieux de disposer de si peu de temps, Jacques Morin réinvente la patience et un peu la fatalité. Son livre est, en quelque sorte :

« la condition humaine
juchée sur la note si
»

Frisson rétrospectif garanti.

©Jean Chatard

Note de lecture in revue Les Hommes sans Épaules, n° 33, 1er semestre 2012.