Rue prends-y-garde, Ballade pour Eloïse et Abélard, Michel-François Lavaur, éd. Traces.

Avec ce petit ouvrage « fait-main » comme à l’habitude, Michel-François Lavaur nous conte l’histoire d’Eloïse et Abélard. Seize pages denses ornées de dessins afin de satisfaire au texte manuscrit qui se souvient des scribes et des enlumineurs. En toute modestie, Lavaur nous entraîne au pays des amants magnifiques que leur imprudente liaison exposa à la vindicte publique avec les conséquences que l’on sait.

Homme d’église ou homme des champs, noble ou roturier, l’individu mâle est conçu pour la procréation et le bel amour qui unit Abélard à la tendre Eloïse n’aurait été qu’une idylle banale sans l’intervention des autorités ecclésiastiques qui châtrèrent le pauvre homme comme un vulgaire matou… Quant à Eloïse…

Agir de la sorte requiert un sens aigu de l’intolérance et Lavaur profite de l’occasion pour dénoncer… « les pieds estropiés des chinoises, / les cous étirés des femmes girafes, / les excisées, les infibulées, / battues, vendues, violées, / rossées, forcées, asservies, / tuées, prostituées… »

Lavaur a beau prédire : « Vienne le temps des humains responsables », il semble que ce soit là vœu de poètes qui, décidément, ne sont pas des gens sérieux.

©Jean Chatard

Note de lecture in Le Mensuel littéraire et poétique, n° 354, novembre 2007