Serge BRINDEAU : Un poème vient au monde, Postface de José Millas-Martin, (2007, éd. Librairie-Galerie Racine, 23, rue Racine – 75006 Paris, 15€)

Serge nous a quittés il y a onze ans, le 27 avril 1997, à trois jours de son soixante-douzième anniversaire. Un poème vient au monde, est donc un recueil posthume qui rassemble un choix de poèmes inédits, écrits entre 1947 et 1997. Rappelons que Serge Brindeau (Porteur de Feu dans les HSE n°19, avril 2005) est né le 30 avril 1925, au Mans (ville qui, le samedi 8 décembre 2007, a donné son nom à une rue – ce qui fut le cas aussi pour trois autres poètes manceaux : Dagadès, Moreau du Mans, Joël Sadeler). Serge a partagé sa vie entre l’enseignement de la philosophie (au lycée du Raincy) et la poésie ; il a collaboré à de nombreuses revues, dont la première série des Hommes sans épaules (qui édita sa plaquette Mentions marginales, en 1954), mais aussi , et bien sûr, Le Pont de l’Épée. Poète et critique de premier plan, mais aussi conférencier, Serge voulait « vivre avec les hommes de son temps », se reconnaître en « un regard qui passe. Marcher dans les couloirs. Monter, descendre. Poursuivre dans la rue ses chemins d’encre, d’eau noircie. » C’est ce qui explique notamment son amitié et son combat pour la Poésie pour vivre, aux côtés de Jean Breton, avec qui, en 1964, il écrivit la fameux Manifeste de l’homme ordinaire. Dès 1969, il fait partie du comité de rédaction de la revue Poésie 1. En 1973, aux éditions Saint-Germain-des-Prés, paraît La Poésie contemporaine de langue française depuis 1945, un panorama de mille pages, devenu depuis une référence incontournable sur le sujet. Sa création poétique ? Un jeu d’amour avec les mots pour être soi en dépit des conflits : « Nous ne pouvons dire ce qu’est la poésie, ni ce qu’elle fut, encore bien moins ce qu’elle sera. Mais vivre en poésie, nous le pouvons. Je le crois. » Lire Un poème vient au monde ne revient pas à lire les « fonds de tiroir » du poète, mais l’un de ses plus beaux recueils, au lyrisme épuré et lapidaire : Depuis qu’on a blanchi les murs – La solitude écarte ses rideaux.

©Christophe Dauphin

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 25, 1er semestre 2008)