JEAN-MAX TIXIER: LES SILENCES DU PASSEUR. Le Taillis Pré, 17 €.

La force de cet ouvrage tient dans son intime tension entre des sections à la thématique contrastée, comme « Écriture »/ « Requiem pour un silence »/ « Notes musicales »/ « Le plus prégnant vertige » et l’égalité du ton, grave, qui use d’un verbe sobre, épuré, lapidaire, même.

Le thème de la mort inaugure et clôt le livre. La barque funèbre indique la mission du poète: « Tu traverseras la matière ».

De là se déduisent des tâches, des exigences: vaincre l’absence par le mot, fertiliser le non-être, devenir une empreinte dans les choses, surmonter les fatalités:

« Pourquoi craindre la chute
Si je fais partie du vertige? »

Une fois écartée la furtive tentation du néant:

« Noyer la vie tremblante sur les berges »,

il s’agit de favoriser l’inspiration (« la soudaine ivresse »), d’exprimer la clarté:

« Ce sera ton honneur
d’être la transparence »,

de vivre avec ferveur un amour qui se déclare « dernier »:

«Mon amour conjuré
demeure ma demeure »,

d’aboutir, enfin, « à la conversion du néant ».

Les derniers poèmes, métaphysiques, intériorisent une idée de la mort:

«Après le dernier seuil naîtront le vide et le néant. »

Sans se défaire, stoïque, le poète lit dans l’eau et la roche la part amenuisée de la lumière, sauf que

« L’énigme d’une pensée future traverse la mémoire ».

©Gilles Lades