La poésie d’Anne Mounic progresse, et résonne, et consonne, d’une manière pleinement affirmative: non point assénée, mais sereinement déployée.
Qu’elle use de la définition (« L’âme est un son qui par le poème s’articule ») ou des formes les plus variées de ce qu’on peut appeler la description (s’y greffe tout naturellement le trésor des analogies et des métaphores), elle indique une plénitude à rejoindre, un monde (le nôtre, au plus intime), à rebâtir en le révélant:
« L’inquiétude se résout vers le haut, dans l’intensité de ce son qui brise l’ordinaire, le transfigure, et dessille l’esprit. »
Cette poésie nous apprivoise d’emblée pour une perception du monde (de l’être) globale et simultanée, métaphysique et concrète, puis nous guide jusqu’à la source du regard qui gouverne les mots (le regard suffit à faire naître la réalité, à la faire procéder de sa propre profondeur.)
Nulle platitude, nul minimalisme dans cette voix tenue au plus près, mais une émotion qui fait tout le prix d’une symphonie sereine:
… « et les voici, les mots, qui flottent dans l’air entre vous et moi, comme ces parfums au jardin ».
L’on perçoit, poème après poème, un exercice spirituel: la volonté « d’appartenir pleinement », de faire émerger la vie de l’immanence:
« je ne découvre que ce qui m’est donné
en toute fidélité créatrice ».
Tout à l’opposé de l’ellipse, Anne Mounic opte pour une poésie de l’explication, mais une explication qui enrichit le sens.
Par une esthétique des variations insensibles (« tout est nuance »), par une grâce à assumer la vie (« la pulpe, la sueur de l’accompli » … « toute la puissance d’être et la rigueur d’exister »), Anne Mounic offre une poésie et une poétique du bonheur, où la « poussière amoureuse », vivifiée, peut
« insuffler entre nos lèvres sa perfection à la minute modeste ».
©Gilles Lades