JACQUELINE SAINT-JEAN : LUMIÈRE DE NEIGE, Sac à mots éditeur, 12 €.

En trois sections (Soleil blanc, Chronique des pierres, Lumière de neige), Jacqueline Saint-Jean suscite, accompagne, redouble l’instinct découvreur de l’imaginaire qui opère à la façon des vagues de la mer, exhumant chaque fois un fruit nouveau.

Cette traque de poésie s’effectue dans un état d’hypnose et de lucidité, équilibre où la lumière, la marche, la distance scrutent « la trame habitable ».

L’écriture, qui joue du blanc et du décalage des vers, figure concrètement l’ajustement à la voix.

Le « songe », prégnant, est cette brusque mutation du regard qui convertit la perception pour ouvrir l’être à l’expérience poétique:

«Corps séparé cassures
Brèches brèches sans fin »,

et permet de fixer l’insaisissable:

« Coup de vent la vie
Cette fuite d’ombres
Au long glacier bleu
Balayé par le temps ».

Ces poèmes peuvent être mis en perspective selon une triple modalité: l’ascèse du souffle, un imaginaire ajouré, une mise en résonance.

D’autre part, si, tout au long de ces textes, la « lumière » de la vie intérieure apprivoise la minéralité, l’écriture la plus consciente cerne de ses traits les ardentes intuitions de Jacqueline Saint-Jean:

« Feu de neige éclair
Où les mots s’effacent ».

©Gilles Lades