Paul FARELLIER : OÙ LA LUMIÈRE S’ABRÈGE, La Bartavelle.

Dans les trois parties de cet ouvrage : « En ténèbre épousée », « Où la lumière s’abrège », « Vers le val noir », Paul FARELLIER se met à l’épreuve, avec une rigueur impitoyable et douce.

Être est d’abord descendre en soi, avec certitude et quelque effroi mais c’est aussi en venir à ce point d’acuité qui épouse les choses défaites, jusqu’à délivrer « le flux rapide de l’éternel ».

Cette descente récolte, de terrasse en terrasse, des fruits palpables : « le regain de verbe du silence »,… « un chant du moins murmuré ».

Même dans l’allégement, lorsque semble se dévoiler l’origine du réel, Paul FARELLIER se refuse à cerner de trop près

« le chant d’une aube si bien gardée ».

C’est qu’il souhaite « être sauvé à partir de l’obscur ».

Toujours, Paul FARELLIER a un sens aigu des pouvoirs de perception : la moindre vibration libère un sens multiple, une lumière dont l’excès serait mortel.

La fin provisoire du chemin, dans la complexité indiscernable, s’émerveille des cris les plus élancés malgré la lancinante prison intérieure. Un secret, terrible, rassurant, veille :

« laissant toujours filer plus bas / plus loin dans le bas / vers un cercle enfoui / illisiblement inscrit ».

©Gilles Lades

in revue Friches, n° 45, hiver 1994.