Paul Farellier obéit, comme à un dieu modeste et secret, aux pulsations d’une mémoire inquiète, qui émerge du clair obscur, témoigne obstinément d’un « feu resté sourire ». Sa vie profonde « rajeunie à l’orage » éclaire tout autant le désir d’innocence et de renouveau que les traces cruelles de révolu (« le doute seul, de toutes parts »).
Il aime se risquer aux confins du roc, de l’obscurité, de la neige, pour mieux en éprouver « la vivante paix ». Plus fort d’avoir mesuré le vide et l’incomplétude, il espère, provoque « une levée bleue de chardons », cherche dans l’été une densité qui ne le quitterait plus.
Cet ouvrage récapitule une veille ardente et précise, qui témoigne d’un ancrage obstiné dans l’essentiel (« comme un méditant s’approfondit du sombre »), assumé par une tension spiritualiste (si ce mot suppose la conquête d’une transparence) : « il respire le bleu de son propre regard ».
Une certitude, dans cette écoute jamais relâchée de l’être : « Nos terres vraies sont cachées ».
©Gilles Lades
in revue Friches, n° 57, hiver 1996-1997.