JACQUES TORNAY, FEUILLES DE PRÉSENCE, L’Arrière-pays, 10 €.

Le temps de quelques poèmes, l’on se découvre sur un chemin du bonheur, ouvert par une confiance impalpable, sans cesse renaissante, qui permet d’enjamber les rêches traverses du présent.

À chaque instant, le banal est converti en infini:

« La vibration de l’air
entre l’insecte et la plante sera la préface d’un miracle ».

La poésie naît de la confidence la plus ingénue, qui est aussi la plus grave:

« Je m’en remets à la manière
que j’ai d’être et de respirer ».

Jacques Tornay veut saisir les « occasions d’éternité », en laissant la moindre manifestation de mouvement et de vie lui révéler l’essentiel.

« Le ruissellement d’une lampe » libère du temps; la flânerie ménage des îlots de merveilleux:

« Les mares près des jardins légumiers
À force de s’étendre se transforment en océans ».

Même si « le bord de l’effondrement » se devine en filigrane des bonheurs d’exister, Jacques Tornay cultive, ou plutôt détient cette capacité de s’ouvrir des « nulles parts » où, voile à voile, les choses s’effacent dans une sorte d’illusion bouddhique.

Pourtant, c’est bien dans le sens de la réalité la plus méditée qu’il faut suivre le poète pour apprendre de nouveau les noms infinis du monde.

©Gilles Lades