Monique W. Labidoire : Soudaines sources (Éditions « Sac à mots », 2006)

C’est avec un esprit éclairé et une singulière acuité que Monique W. Labidoire saisit en ces « Soudaines sources » la pulsation du monde.
Premier temps : Naissance. Nous ne sommes pas dans un domaine symbolique mais en prise directe avec la nature, dans l’haleine de la terre, le ruissellement des eaux, le souffle de l’air et du feu, dans la lumière par laquelle s’accomplit la fécondation de l’humus, le fourmillement des forces vives ; « Gloria et requiem ». Nous sommes dans la respiration du temps où « Il n’est pas de lieu définitif ni de paysage que l’instant encadrerait précisément dans la mémoire », car le temps falsifie la première signature.

Le verbe du poème participe au présent — dans sa forme — à l’action incessante, palpable et frémissante de la métamorphose.

Deuxième temps. « Après la naissance, le tremblement fait place et se glisse dans les interstices de nos chemins ». Le « petit homme » doué de conscience capte les symboles de la matière en fusion, s’interroge sur ce surgissement, sur la parole et l’écriture, supports de la pensée et du partage, sur le mystère de la rose et de l’épine, interpelle les dieux afin « qu’ils divinisent notre passage… ».

Monique W. Labidoire n’a de cesse de déchiffrer les signes, de nous faire entendre la musique d’une harmonie lointaine à portée de sens, fulgurante dans la possession de l’être. Évidente… Mais évidente de quelle vérité ? Le poème, travail d’artisan s’il en est forge peu à peu l’œuvre au gré des pages dans un balancement rythmé qui s’approprie le souffle même de la vie.

©Jacqueline Bregeault-Tariel

(Note de lecture in Poésie-sur-Seine, N° 59)