Furtive, Véronique Joyaux, Éditinter.

Tout au long de la lecture de Furtive, j’ai pensé à la chanson de Barbara : Pierre. Même légèreté de style, même fragilité dans la démarche, même climat de chaleur domestique et de quête affective.

C’est dire que Véronique Joyaux, qui est enseignante, est sensible aux petits bonheurs de chaque jour, même si la mort, omniprésente, tempère ses inclinations. Cette poésie au romantisme évident s’enrichit des multiples images que Véronique Joyaux utilise avec grande maîtrise… « Puisque le poème est seul à traverser le jour / de part en part sans s’abîmer les ailes. » Les textes de Furtive sont courts mais gorgés de tendres notations qui en prolongent les effets. On sent dans ce recueil (dont la couverture est signée Nihad Wicho) une volonté de survivre dans le plaisir des sens, même si le vent et la pluie s’opposent à toute plénitude, même si le cortège des ans conduit à la mort inéluctable. Les petites jouissances sont autant de regards appelés, d’anecdotes dociles que le poète fait siennes. « Un homme passe / plus léger que la pluie / Dans son regard le poids du jour / infime / son ombre portée sur le mur. » On quitte le livre de Véronique Joyaux avec un sentiment de quiétude et le souvenir d’une compagnie précieuse, celle… « Des mots aussi lancés vers le ciel / qui laissent leur sillage longtemps après l’arrivée de l’ombre. »

©Jean Chatard

Note de lecture in Le Mensuel littéraire et poétique, n° 356, janvier 2008