Francesca Y. CAROUTCH : Clameurs nomades, Éditions du Cygne, 2009.

Lorsqu’on essaie de rejoindre « l’esprit universel » et d’« apprendre l’écoute des mondes », quand « tout ce que tu contemples de l’intérieur est à toi », la vie s’ouvre à la quête de l’esprit et des sens. Mais il s’agit de regarder autrement les choses simples qui disent l’alliance de l’homme et du mystère primitif. Alors, nous pouvons voir « les nymphes dans le cœur des tubéreuses » et entendre « les musiciens des abysses ». Table de résonance, le monde est à l’épreuve de la vie intérieure et de « l’inconscient de la nature », sous les astres qui « blessent et guérissent » : « Énergie à l’état brut/ Se fondre en toi/ Réel si gorgé de sens/ qu’il n’a plus rien à révéler ». Mais rien n’est aisé, tout procède d’un combat, car le « défi est la clef » et l’Éden un devoir, une charge. Ainsi témoigne-t-on des marques de l’enfance dans cette dédicace aux hiers : « Nous survivions/ Car nos murs étaient faits/ d’amour et de lumière ». Venu de si loin, l’espoir rayonne, dans « l’attente de l’anachorète qui sauve(ra) le monde », pour que notre joie « de rien du tout » se trouve face à l’éveil sur le « radieux chemin de la marche éternelle ». Le couple est très présent dans ce recueil. L’homme, le premier initiateur, est celui qui, « né de l’espace, survint avec ses armes magiques ». Enlacés, les amants survolent les collines, dans un monde vu nouveau, où « les phénomènes sont des fleurs », où « les îles vont et viennent » pour vivre la fusion avec « les larmes d’Éros dépecé/ patiemment recousu ».

Pour Francesca Y. Caroutch, tout passe, sauf la poésie qu’elle imagine « foi vivante des anciens/culte voué aux trépassés de l’avenir ». Entrez donc. Ici, on initie.

©Alain Breton

Note de lecture in revue Les Hommes sans Épaules, n° 33, 1er semestre 2012.