Jean PORTANTE : L’arbre de la disparition – Préface de Lionel Ray, dessins de Marek Szczesny (Editions Phi/Ecrits des forges)

La poésie de Jean Portante, cursive, inventive, brille de tous les feux de la créativité et son domaine, la langue, porte à l’incandescence une parole où la réalité, symbolisée par l’arbre, est vouée à la cendre, non parce qu’elle meurt mais parce qu’elle brûle. Et c’est là, semble-t-il, la force de Portante qui, certes, admet la fin de toutes choses mais en souligne le processus par l’incinération passionnelle et non par la simple décomposition chimique. Sans doute, le résultat demeure le même selon les concepts de l’Eglise, mais le poète assume ses élans, gouverne ses pulsions, sculpte en artiste la destinée de toutes les choses qui le concernent.

Il en résulte une poésie inspirée où la fragilité rejoint quelque part la création véritable, entre détresse et jubilation, entre maîtrise et rencontre fortuite.

Lionel Ray, dans la préface, évoque exubérance et fantaisie, errances visuelles et mentales, à propos de cette poésie originale entre toutes. Et, certes, elle est riche des multiples couleurs de l’inspiration, de la trouvaille insolite, mais elle possède également cette faculté, cette grâce, où l’interrogation allume des feux dans les ténèbres.

L’une des particularitéS de cette poésie est qu’elle sait cultiver l’angoisse du dernier vers qui, avant de sauter le pas, se mesure au néant de la page, de la marge. Tout semble finir et tout recommence, car la poésie de Jean Portante se renouvelle sans cesse ,en prenant force dans ce qui fut son élan.

« au-dessus de la ville
il a tendu un nord qui monte.
Où s’arrête le jeu d’ascension.
La corde rend le silence durable. »

Avec L’Arbre de la disparition, Jean Portante utilise du langage ses méandres et ses dons, ses escapades vers l’insolite et, s’il n’oublie pas le Surréalisme, il sait, avec maîtrise, s’en écarter, afin de créer un monde poétique à sa mesure.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 19, premier semestre 2005.

Jean-Pierre LESIEUR : L’O.S. des lettres (Gros textes, Fontfourane – 05380 Châteauneuf-les-Alpes) ou chez l’auteur : 2149 avenue du Tour du Lac – 40150 Hossegor. 6,77 €.

Comme ce fut le cas avec « Manuel de survie pour un adulte inadapté », Jean-Pierre Lesieur publie « L’O.S. des lettres » chez Gros textes après avoir revisité la version qu’il fit paraître en 1975 aux éditions de l’Athanor (de Jean-Luc Maxence).

« L’Ouvrier Spécialisé des lettres », c’est bien entendu le poète, et Lesieur amorce dès l’abord la polémique à propos du statut social de cet individu marginalisé que les « grands » éditeurs ignorent et que la plupart des libraires refusent à leurs étals.

Aujourd’hui que la langue anglaise (respectable au demeurant) envahit tout et que l’on privilégie la vulgarité, ce livre arrive à point nommé pour dénoncer les carences d’un système où les créateurs sont impitoyablement rejetés par un public friand d’âneries et de facilités racoleuses.

Ici, point de discours académique, cependant, point de sentencieuses déclarations sur le devenir de la poésie et de ceux qui la conçoivent. Lesieur, mêlant humour et diatribe acerbe, dénonce l’impuissance des créateurs avec cette gouaille qui lui est naturelle. « Je ne suis plus le mannequin de vos changements de foi. Je pointe à l’ANPE des ruades ».

On rit parfois, on grince des dents, on prend fait et cause pour cet hurluberlu qui, tout comme nous tous et avec la meilleure volonté du monde, prêche dans le désert. Le désert de l’indifférence.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 21, premier semestre 2006.

Jean-Daniel FABRE : Chez le pistolero de Dieu et fragments posthumes (Mai Hors Saison, Guy Benoît, 8 place de l’église – 53470 Sacé). 144 pages -15 €.

A l’enseigne de « Mai hors saison », Guy Benoît publie « Chez le pistolero de Dieu», livre de son ami Jean-Daniel Fabre, décédé le 3 octobre 2004 après une existence difficile où la provocation et la révolte accompagnèrent une œuvre forte, marquée par une poésie incisive à l’image de la folie du monde et des hommes.

On peut évoquer Antonin Artaud ou encore Céline à propos de Jean-Daniel Fabre dont les imprécations et les jugements à l’emporte-pièce habillent un esprit tourmenté dont la lucidité est rapportée ici par Guy Benoît (son exécuteur testamentaire, son éditeur et son ami) qui a organisé cette publication avec le sérieux et les compétences que l’on lui connaît.

Chaque interrogation de Jean-Daniel Fabre est une plaie qu’il maintient ouverte en affirmant dès l’abord : « J’accepte toute souffrance du moment qu’elle ne brise pas ma prière et ma vie intérieure ». Les relations qu’il entretient avec Staline, avec Freud et même avec Dieu, demeurent ambiguës. « Je suis coincé entre Staline et Lamartine, entre le mur de la dissolution et le mur des lamentations ».

Tourmenté à l’extrême, Jean-Daniel Fabre assume sa folie en la clamant haut et fort. « Les fous ne changent jamais et jamais je ne change. » Déclaration qui implique une belle lucidité pour un homme confronté par ailleurs à des préoccupations où la Foi est bousculée et les dieux interpellés.

Cruauté et humour brûlent dans cet ouvrage avec la même force et, si « la vie est une prière inoffensive », autant qu’elle anime des pulsions capables de révéler les porteurs de feu. « L’homme est un passager du rêve divin, mais le monde garde son visa ».

« Chez le pistolero de Dieu » est accompagné de divers documents (manuscrits, extraits de presse) ainsi que de plusieurs photographies sur lesquelles le regard de Jean-Daniel Fabre (oh ! le regard de Jean-Daniel Fabre !) révèle un être d’exception dont les brûlures de l’âme laissent des traces indélébiles.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 21, premier semestre 2006.

Jean-Michel AUBEVERT : Bestiaire ornithorynque – Préface de Jacques Izoard, collages de Philippe Lemaire (Editions Le Coudrier) – 80 pages – 15 €.

Insolite et déroutant, tel nous apparaît ce nouveau livre de Jean-Michel Aubevert dont on connaît la curiosité naturelle et un penchant certain pour le surréalisme. Avec la complicité de Christoph Bruneel / Anne Letoré (« L’âne qui butine », 28 rue du chemin de fer – B – 7700 Mouscron), celle des éditions Le Coudrier (24 Grand’Place – B – 1435 Mont Saint Guibert) et avec une préface de Jacques Izoard, ce « Bestiaire ornithorynque », revisité par le talent de collagiste de Philippe Lemaire, s’attarde avec volupté sur d’étranges créatures issues des fantasmes de la nature et de l’imagination débordante du poète.

Belle réussite que cette succession de volatiles et de mammifères, de reptiles et de crustacés où le fantastique rejoint la plupart du temps l’étrange réalité. Et réciproquement. Attribuer le qualificatif « d’ornithorynque » à un bestiaire exige, on en conviendra, un certain goût pour la provocation, et Jean-Michel Aubevert est prodigue en ces domaines du bizarre que la logique vient parfois bousculer ou corroborer. Les amateurs jubileront à ces confrontations étranges où l’on ne sait plus très bien dans quelle invraisemblance se dissimule la zoologie et derrière quel artifice se cache l’imaginaire.

Certes, les omissions sont nécessairement nombreuses et l’on aimerait que l’expérience se poursuive longtemps, mais cette giboyeuse compagnie suffît à nous combler d’aise tant riches sont les trouvailles de Jean-Michel Aubevert qui n’hésite pas à comparer le cher « paresseux » des forêts sud-américaines à un « Lagaffe / Gaston à baffes ».

Dans ce livre époustouflant de drôleries et d’inventions, étayé de solides références, mention spéciale doit être faite à Philippe Lemaire dont les collages apportent à l’ensemble une note supplémentaire d’étrangeté et de mystère.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 21, premier semestre 2006.

Michel-François LAVAUR : Aubiat – Bilingue occitan-français (« Trobar »/Cahiers de Poésie Verte) 62 pages – 12,50 €

Avec « Aubiat », Michel-François Lavaur confirme son attachement profond à l’Occitanie et marque d’une pierre blanche une œuvre déjà abondante qui, chaque printemps apporte ses bourgeons et chaque année ses frissons de bonheur de vivre ici et maintenant. Ce fou de poésie est aussi un homme sage, tolérant, qui connaît les valeurs de la famille, de l’amitié, du sol qu’il foule.

« Je n’ai pas de portail, de verrou ni de chaîne, pour fermer la demeure où j’ai mis en réserve, comme feu sous la cendre ou, sur le foin, le fromage de chèvre, à mûrir lentement ces petits bouts de poésie… »

On se sent proche des hommes chez Lavaur, proche du cœur et de l’esprit, proche du labeur des humbles et de la chaleur humaine qui se communique dans la simplicité des actes de chaque jour. «Aubiat», c’est le pays où les racines sont encore bien implantées dans le sol limousin. « Aubiat », c’est le village où mûrissent les destinées. C’est l’authenticité de « la terre » de chez nous. Les animaux (même les « sauvages », les oubliés) y ont leur place, au même titre que les gens. Les vieux appartiennent à leur âge et la campagne n’a pas honte de sa boue.

Il y a, dans la poésie de Michel-François Lavaur, cette chaleureuse attention qu’il porte aux êtres et aux choses avec, en prime, cette jubilation d’écrire et de partager les instants de plaisir que l’on sait éphémères.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 21, premier semestre 2006.

Claude RENARD : Les Mauvaises rencontres (L’Arbre à paroles)

Avec «Les mauvaises rencontres», on découvre le poète Claude Renard, né en 1926, qui publie un recueil d’une centaine de pages, dont la maturité poétique étonne et enchante. Livre dense que celui-ci où l’auteur met en scène son expérience de la vie et son amour de la syntaxe. Les mots y sont choisis pour leur verdeur ou leur cadence. Les hommes y sont mortels et portés par le temps, ce temps « qui monte aux chevilles » et envahit tout, de l’espace et du chant.

Utilisant la rime ou le poème en prose, l’anecdote ou la besace aux souvenirs, Claude Renard fait preuve ici d’un sens aigu de l’art poétique. Sans être précieux ou redondant, il utilise des mots charnels capables d’évoquer les rares embellies de l’inspiration avec force et talent. On sent dans ces textes un amour certain pour la formule avec, en cadeau, l’indispensable « vécu » à l’origine de chaque poème. « Des corbeaux tout à fait démodés mais bons calligraphes jettent négligemment sur la neige un brouillon de légende tout mâchuré de brume et de pluie ».

Magritte et Ensor sont conviés à la table du poète avec cette simplicité magique que l’on accorde aux plus grands. L’humour, un humour quelque peu désenchanté, s’affirme de page en page, mais Claude Renard sait voir au-delà de l’évidence, « dans le coin droit du paysage »… «… deux amants témoins heureux du grand naufrage ».

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 21, premier semestre 2006.

Patrice BLANC : Le sang du jour (GRIL, éd., 11 avenue du Chant d’Oiseaux – B 1310 La Hulpe)

« Le sang du jour », ce récent petit ouvrage des éditions dirigées par Paul Van Melle, à La Hulpe, bien que structuré en des textes indépendants, est en vérité une succession d’images qui pourraient n’appartenir qu’à un seul et même poème tant l’osmose importe ici.

« La voix du jour appelle ta peau cris du sang
Les pétales des sons se posent sur le lit du silence
L’esprit respire un faible buée musicale… »

Dans le poème suivant, la même intensité sécrète les mêmes effets et les mêmes espaces.

« Le ciel s’effondre en coupures inachevées
L’instant explose dans sa gaine privatrice… »

Sur la quatrième de couverture, outre la comparaison de Patrice Blanc avec Jean Bouhier et les poètes de l’Ecole de Rochefort, il est question du « ton » qui « demeure intact, tourné vers l’humain sans gommer les dernières trouvailles des poètes les plus contemporains ». Juste regard sur ce recueil de qualité. Il existe en effet dans cette poésie des recherches syntaxiques où « Le danseur ébauche un flot de nudité » et où « le mourant perce le ciel de son regard rouillé ». L’ensemble de cette plaquette du GRIL souligne une présence poétique certaine.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 20, second semestre 2005.

Sylvestre CLANCIER : Une couleur dans la nuit (« GRAPHITI » / Editions PHI / Ecrits des Forges)

Dirigée par Jean Portante, la collection « Graphiti », que les amateurs, de ce côté-ci et de l’autre de l’Atlantique, connaissent bien, offre à Sylvestre Clancier l’occasion de développer sa vision du poète et de la poésie en cet ouvrage, « Une couleur dans la nuit », qui marque l’esprit en redessinant une enfance où les sentiments sont à échelle humaine, les préoccupations immédiates et les amours pudiques. Sylvestre Clancier sait débusquer « ce bonheur bleu derrière la porte » et parcourir « le monde qui est dans sa main » avec cette part essentielle de tendresse qui soude les instants et gouverne les inclinations.

« Il faut l’adresse du funambule
Et la tendresse du poète
Pour suspendre le temps qu’accomplirait l’instant
En remettant ces rêves sur de meilleurs chemins. »

Le blanc domine ici. L’âme et la neige s’y rassemblent avec l’élan du
désir pour colorer l’ensemble.

« Femmes…
C’est encore vous en plein soleil au balcon à midi
A qui mon cœur fait signe quand vos rires hirondelles
S’envolent dans le bourg au printemps par dessus les murs »

Dans la poésie de Sylvestre Clancier, on s’abrite sous un espace quotidien où la chaleur des mots rejoint quelque part celle des corps.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 20, second semestre 2005.

Danièle CORRE : D’un pays sous l’écorce (Prix Troubadour 2004), (Cahiers de Poésie Verte: Jean-Pierre Thuillat, Le Gravier de Glandon – 87500 Saint-Yrieix) Abt. 4 no/an: 20 euros.

Tous les deux ans (années paires), la revue « Friches » décerne son « Prix Troubadour » qui, en 2004, fut attribué à Danièle Corre pour un livre, « D’un pays sous l’écorce », préfacé par Georges-Emmanuel Clancier, dans lequel les mots du quotidien recouvrent des sentiments où la nostalgie, si elle est omniprésente, n’en révèle pas moins de douces envolées. Les mots de chaque jour, les gestes du familier, sont autant de notes de musique que Danièle Corre distille comme parfum de simples. Sous la rugosité des gestes ordinaires, elle dessine des émotions rares, des pensées fertiles, et sa poésie s’installe dans le calme discret de la vie de tous les jours avec, en plus, cette pointe de légèreté qui en fait le charme.

« Un grand chien fidèle hurle quelque part,
la patte prise entre deux pans de mémoire.
Des enfants dévalent les heures
dans le silence défait
où je chasse les mouches d’un geste distrait. »

Sous l’écorce, en effet, la vie s’organise. Elle « court dans les ornières, afflue de toutes ses eaux, / jusqu’à lécher des images… » que l’on rassemble à la veillée. Danièle Corre nous offre là un livre ouvert sur les beautés d’un monde ordinaire, et c’est une leçon d’humilité à laquelle il est bien difficile d’échapper.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 20, second semestre 2005.

Colette WITTORSKI : Une aurore boréale, 35 pages, 8 € (Editions An Amzer, MTP Bellevue, 1 rue de Quercy, 29284 Brest Cedex)

Dans l’hommage à Jacques Prevel (1915-1951), qu’elle a rédigé pour le journal Le Havre, du 6 juin 1951, Colette Wittorski, alors jeune agrégée de philosophie, et qui avait fait la connaissance de ce grand poète maudit en 1949, a écrit : « Il a été le prophète total du monde qu’il voulait. Sa souffrance était absolue et intolérable sous toutes ses formes : il survivait à sa force, il survivait à sa vie, follement lucide des innombrables raisons qu’il avait de désespérer. Sa révolte était absolue, et il déchaînait sa colère avec la plus stricte conscience d’agir contre ses intérêts les plus urgents. Sa haine aussi était absolue, et il s’acharnait sur la plus petite fissure, sitôt décelée, de l’amour qu’on lui portait. C’est pourquoi nul ne pouvait le rencontrer sans l’aimer, et pourtant nul ne peut se flatter de l’avoir assez aimé : son univers apocalyptique appelait la sainteté, il ne tolérait qu’elle ». Prevel était alors pratiquement inconnu, mais Colette Wittorski avait su pressentir, à travers le génie et la cassure existentielle de Prevel, que les enjeux de la création poétique ne pouvaient être assimilés à un exercice de style, mais à une quête impitoyable des abîmes les plus reculés de l’être. Colette Wittorski n’a jamais cessé d’entretenir et de cultiver son amour de la poésie et de l’écriture. Son premier recueil, Un bouquet de corde (éd. Librairie-Galerie Racine), a paru tardivement en 2003. On y trouve de beaux et forts poèmes, qui nous montrent à quel point l’auteur a retenu la leçon de Prevel : Ecrire comment – J’entends – Se répandre l’encre et le sang, tout en affirmant sa voix, qui ne triche pas avec la vie comme avec les émotions : Feu de terre – Ocre volcan – Cuivre cri – Désir – Tu troues la nuit – Du dedans. La mort, la solitude, le temps et sa valise de souvenirs, sont omniprésents : Plutôt casser le temps au cadran de l’horloge – Que subir son compte quotidien, et seul l’amour fait obstacle : Le feu est mon corps… Voici que désormais je marche sur la page blanche – Où s’écrivent tes pas. La poésie de Colette Wittorski puise dans le vécu : La force du feu – Forge son écriture – A la soudure du champ – Arc sans corde – Muet – Mon arbre flambe. Elle est donc souvent douloureuse, ce que confirme Une aurore boréale, son deuxième recueil, où le poète entend : Ecarter le deuil – Tourner la clef du temps, mais, bien sûr, sans y parvenir. Une poésie sans trompe-l’œil : Attirés par nos profondeurs – Les dieux se lèvent – Ils préparent – Nos gestes de demain.

©Karel Hadek

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 23/24, année 2007.