D’asile en exil, Max Alhau, images de Pascal Hemery, éd. Voix d’encre.

D’asile en exil, sans doute l’un des deux ou trois meilleurs recueils de ce début d’année, permet à Max Alhau d’établir en poésie un espace privilégié où le créateur qu’il est, depuis longtemps déjà, creuse avec autant de maîtrise la nappe phréatique que l’aubier des arbres géants. Avec lui la nature prend ses habits de fête et c’est un peu de l’être humain qui s’investit dans le silence des grands ormes, dans la mélancolie des fragiles bouleaux. Sa pensée l’entraîne au-delà du visible et les cercles qu’il déploie, en cette poésie évolutive le conduisent en des contrées où s’aiguise sans cesse l’imagination. Le monde en sa vastitude est son terrain favori, le monde et au-delà, dans les galaxies, dans les infinis où la matière prend en charge les créatures à la fois dérisoires et tragiques que nous sommes. Bien conscient de l’importance relative des individus, comparés aux grands brassements de l’univers, Max Alhau sait, avec art et mesure, passer de l’infinitésimal au gigantisme universel, de la tendre réflexion à la respiration galactique avec, pour ce faire, les illustrations inspirées de Pascal Hemery qui signe là des images superbes, au diapason des poèmes d’Alhau. « Tu aimerais alors être ce voyageur / brûlant les preuves de son passage / dans un brasier d’étoiles et de pierres, / toi dont la vie n’est plus qu’une ombre sur les murs. »

On se laisse envahir par ces espaces sombres, ces vagues d’un lyrisme contenu, et c’est tout l’art de Max Alhau et de son illustrateur, de nous faire partager les angoisses, les plaisirs multiples, de l’être humain en prise à des interrogations qui n’en finissent pas de nous solliciter, de nous « ouvrir » aux mystères du temps le chercheur d’or.

©Jean Chatard

Note de lecture in Le Mensuel littéraire et poétique, n° 352, septembre 2007