Claudine BOHI, Une saison de neige avec thé (Le dé bleu, L’idée bleue, 2004 ; 85310 Chaillé-sous-les-Ormeaux ; 88 p., 12 €)

Sous la grâce de ce titre d’allure intimiste, voici un livre enfin essentiel, une poésie première comme on eût dit autrefois une philosophie première. Claudine Bohi a toujours parié pour l’absolu, y compris dans l’éblouissement charnel de ses débuts poétiques, et nous voudrions dire pourquoi son nouveau livre pourrait bien donner à chacun d’entre nous le signal d’alerte dont le destin tient parfois le secret.

Trois parties dans cet ouvrage, trois moments de la conscience : d’abord l’invocation du phare, Cette lumière (Elle est/ ce qui conduit le sens), une lumière innommée aussi brillante et d’exacte présence, et aussi inconnaissable que le foyer mythique aux abords de la caverne ; ensuite Une saison de neige avec thé, l’instant d’expérience sensorielle et poétique où, à travers la douceur d’une neige créant le vide et d’un thé qui brûle le mot sur la lèvre, se révèle, non plus un vouloir vivre, mais un vouloir dieu (Tu veux/ le Verbe […] une parole qui s’abouche/ au vent/ conduit le paraclet) ; enfin l’aboutissement du triptyque, Vous – car presque toutes les pages commencent ici sous ce pronom qui nous désigne tous et dans lequel chacun, et surtout quiconque se mêlant de poésie, se reconnaîtra : Vous êtes/ ce goût de la lumière/ dans le ventre/ ce désir de passer/ au-delà de vous-même/ l’appel de cet amour/ qui désenchaîne/ du mourir

Lisez et relisez ce beau livre, tenez-le au chevet. Nous savons qu’il vous apportera beaucoup.

©Paul Farellier

(Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 19, 1er semestre 2005)