Pierre GARRIGUES, Fragments du désamour (L’Harmattan, 2004, Paris ; 62 p., 10 €)

Proses rigoureuses d’un amour – et beaucoup plus encore dans ces pages magnifiques : le chant douloureusement métaphorique d’une non-possession universelle, sous la lumière méditerranéenne et les bribes tenaces de la pensée philosophique ; l’être toujours insaisissable sous le corps caressé, avec pourtant les minutes miraculeuses d’une présence qui fuit ; l’éros, désespérément servi pour les instants d’anamnèse torride qu’il semble offrir à tout l’humain, nommé ou innommé, mort ou vif ; et son alliance décisive, dans la parole, avec l’éclat du jour, de la mer et des pierres pour donner une évidence, pour redonner une innocence, à nos jours improbables.

Poème pour inscrire l’amour et la vie dans la souveraine mémoire, où passaient les mots que nous n’avions pas dits, les gestes que nous n’avions pas faits, je sentais ton haleine tiède remonter du fond des temps et de la mémoire, comme si nous nous rapprochions de l’essence même de la vie : ouvrir, fermer les yeux à la clarté du jour.

Vous qui, comme tous et toutes, attendez, vivez ou regrettez l’amour (car que faisons-nous d’autre en cette vie ?), ce livre est écrit pour vous, à la fois violent et contemplatif, partageant les profondeurs de l’instinct comme de la pensée. À notre avis, un chef-d’œuvre.

©Paul Farellier

(Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 19, 1er semestre 2005)