Olivier DESCHIZEAUX : La chambre close (Rougerie), 11 €, Prix Louis Guillaume du poème en prose, 2004.

« Tu connais la géographie de mes ombres, la chapelle de mes fantômes, ton chant se pose sur le vent comme une herbe habillée de rouille, tes morts sont les miennes, au creux de mon lit je fais un nid de ton bois… ».

Dès l’abord, La Chambre close s’affirme comme l’une des œuvres les plus originales de ces derniers temps et le style d’Olivier Deschizeaux (poète que je découvre ici) porte en lui cette grâce insolite que nous révélèrent certains surréalistes avec, en plus, une dramaturgie très personnelle dans laquelle le langage s’allie une syntaxe giboyeuse où les mots voyagent, revêtent des robes aussi bizarres que somptueuses.

« Debout devant la mer je peins les angles de ma chambre, des châteaux m’attendent quelque part en juillet, mais l’été me sera froid et terreux… ».

J’aime cette incursion dans l’absurde, cette réflexion sur la destinée de l’image poétique qui prend son envol en chaque vers. C’est dire que nous sommes ici très éloignés des bluettes ordinaires et des mièvreries dont la vocation est d’habiller les objets où les sentiments de petits gestes colorés. Il y a création chez Olivier Deschizeaux, et cela suppose l’imaginaire et le fantasque dans l’écrit.

« L’envol des miroirs aux aurores, des bulles de savon salissent le hall du grand hôtel où résident les fougères, s’endormir et s’en aller au cœur des limbes cernés de cris et de rires… ».

On aimerait tout citer de ce livre étrange et palpitant qui bouscule avec un remarquable talent l’habituelle linéarité de notre poésie.

©Jean Chatard

Note de lecture in Les Hommes sans épaules, n° 19, premier semestre 2005.