Yann SÉNÉCAL : Je ne m’adresse plus la parole (éditions Clarisse, 2010).

Le K.O. qui figure en photographie sur la page de couverture, augure bien du combat que l’auteur noue dans cet ouvrage. Comme l’expression d’un sentiment de stupeur, une défaite génésiaque dont il faut se relever sans savoir vraiment pourquoi, une lutte éperdue qui bégaie mais qui, par la mobilisation de toutes les forces vitales, permet toutefois des trouées dans le vertige permanent. Yann Sénécal se livre ici à un travail émouvant sur le manque à être, la dépossession, et la résistance face aux regards de l’autre, sans trouver de double fond à la vérité ni au mensonge. Cet état d’urgence offre au lecteur un véritable catalogue des mesures à prendre lorsque le sens se dérobe, lorsque les conventions font glu, que l’utilité du moindre geste devient suspecte. Mais il s’agit aussi d’un miroir qui nous aspire, une remise en cause de toutes nos certitudes, de nos faux-semblants, de nos lâchetés : « Qui sommes-nous / Pour convaincre / Pour humilier » ? Parfois, c’est la fragilité qui fait la force. « Se sentir utile », face à une mascarade ressentie comme générale, est la modestie assumée avec talent par ce nouveau poète.

©Alain Breton

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Louis ALDEBERT : Sommes de toutes parts (le cherche midi, 2010).

Sans doute le poète a-t-il tenté de mettre au jour, dans une forme parfois obscure qui est l’apanage et le plaisir de la poésie, toutes les richesses et aussi les douleurs accumulées. Le titre est explicite : il exprime une sorte d’opulence de vivre, presque un merci, et ce butin, partout cueilli, est constitué d’élans, de surprises, de beaux venins dans la lente ou brutale circulation du monde. L’amour de la compagne (et, à travers elle, l’évocation de la femme libératrice), l’ode à l’amitié, les hymnes au pays que le cœur burine, les sports ambigus ou non, la solitude de l’enfance sont donnés en courtes rafales sous la tendresse ou la grimace du soleil. On effeuille, parmi les fines herbes, « une panique dans la menthe », on assiste à la genèse par l’acmé, on incante l’âge dans les ruades de l’enfance, tout « en balbutiant les mots vifs désappris », l’espace de quelques formules simples ou savantes. Il y a les avalanches du bleu et ce rictus qui nous attend – avec, entre ces deux promesses qui s’affrontent, toute « la présence d’un sens ». « À celle qui dort » : calme et lente tu vis la main bleue de la pluie / t’apaise et dans les heures où le tissu de nuit / s’élime à la trame aride du matin / tu étreins des brassées de robes un butin / de fanes égrenées de masques personnages / oubliés par ta chair de veilleuse trop sage / et les rondes où t’entraînent d’androgynes enfants / sont des désirs cruels sous des tourbillons blancs / quand tu halètes fort est-ce encore ta peur / qui suspend ton apnée à fleur d’hypnose ou le tressaut slave de ton humour moqueur / mon obstinée à te méfier des roses / un rai clair des persiennes est assez audacieux / pour fondre l’inquiétude à l’envers de tes yeux. Louis Aldebert, « À celle qui dort », extrait.

©Alain Breton

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Éric SÉNÉCAL : Chant de la pierre tombale (Les éditions d’Aldébaran, 2010).

Rapprochements saugrenus, éléments de thriller pour instiller le doute, questionnement sur la cohérence des choix qui s’émiettent, contradictions qui s’entrechoquent, pures provoca-tions dans l’intensité d’être… voilà un mort qui se porte bien ! Ce Chant de la pierre tombale, à travers une dérobade feinte, a permis au poète de se situer à la fois dehors et dedans et de manier une écriture chargée d’humeurs et d’humour, de va-et-vient cognés ou moqués entre le monde et soi, de vanités fabuleuses et de constats burlesques (« Une ampoule a grillé/ ta fille est réglée). Entre vrais et faux souvenirs, commentaires sur la difficulté de se comporter en adulte et rejet des parents « suceurs de télé » l’anticonformisme, par chirurgie du soleil, incite à « accélérer quand tout ralentit ». Les textes sont repris en rafales de runes, psaumes haletants. La lune est en slip et chaque vivant devient immortel. On peut croiser des promeneurs maladroits dans le gazouillis des guerres, des stupeurs pour déchirer des siècles de soie, des fraîcheurs comme autant de déflagrations, des volontés gravées dans le… marbre (« Espérer revoir son chat »). Et si la mort, après tout, n’était qu’un gag ? Ici, on ratatine le temps sans saveur. En vente dans tous les bons cimetières.

©Alain Breton

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Franck COTTET : Miroir voilé miroir (98 pages, 10 €, éditions Clarisse).

L’intensité de vivre est exprimée à partir de sensations et à coups d’anecdotes dans une écriture presque neutre et qui veut faire conscience. L’air de rien, le poète soumet à la question tous ces pleins et ces creux qui jonchent l’existence en cultivant le constat doux-amer ou l’attente amoureuse. Des tableaux établis à l’aide de bouts de ficelle — flous d’un geste ou d’un regard, dérives glissant vers l’estompe ou le burlesque, apparentes frivolités, malices —, produisent des chutes à étincelles comme autant de lueurs qui se prolongent en lignes de fuite. Les plaisirs et chagrins du quotidien ricochent ou sont absorbés par le miroir clignotant de nos incertitudes. Le lecteur attentif y trouvera un gisement. Les années peuvent bien passer tu dis que tu ne les vois / pas avant d’y être que tu gardes tous mes visages / que tu ne perds jamais rien. Et encore : Les jours elle ne les compte plus. Tous pareils. Ils avancent dans sa vie comme mer d’huile avec rien à l’horizon que les pas recommencés. Avec ça elle se dit que les heures sont plus longues que les jours qu’elles pèsent des tonnes et ses bras trop chétifs pour les chasser.

©Alain Breton

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Sébastien COLMAGRO, Le chien dont je te parle, orné par Valère Mouchet (Librairie-Galerie Racine, 2010, 15 €)

À partir d’une Rêverie, d’une initiation dans une chambre de plein air, l’auteur a mêlé la chronique de jeunesse et la rencontre de l’amour, ayant fait du temps le charabia des cimes. Sans doute aurait-il pu choisir le mica ou l’ébène, la mangrove ou le micocoulier, l’abeille ou le serpent pour incarner sa voix. Ce fut le chien, ce qui est tout, sauf innocent. Ainsi, de caverne en maison, pour dériver par-delà les villes « qui n’ont pas le temps », cette option lui a permis d’expectorer ses colères et sa rage (« Je noie l’univers naufragé »), mais aussi d’aller à la rencontre des sensations fortes, et de faire face à la simplicité d’être. Cette variation du loup-garou, cette réincarnation provisoire fut aussi le choix d’une métaphore diffusant son principe poétique. Car le pouvoir du poète est grand ; comme Rilke, il se transforme en tout. Quoi de mieux, en effet, qu’un retour au barbare (au sens que Diderot donnait à ce mot) quand on veut changer le monde ? Quoi de plus fort que de « réinventer des gestes », mais « les bras en balance » quand on tient à la sagesse ? Que vouloir « que s’effleurer/ ne soit pas sans sourire » quand on invite à la joie ? Même si, parfois, l’ambivalence de la métaphore oscille entre – fausse naïveté, découverte de candide ? – les maladresses du civilisé et le sortilège poétique : « Je n’aurais jamais cru/faire tomber la neige/en frottant deux secrets », l’urgence est de se soustraire à « la réalité de nos crimes quotidiens ». Toutefois, c’est surtout la rencontre (intuition ? témoignage ?) avec une femme (note bleue venue de quelle contrée ?) et sa langue inconnue (« J’ouvrirai des fleurs dont nul ne connaît la prononciation ») qui peut ouvrir la voie à la connaissance du monde. À partir de cette magie, tout fusionne où le cosmos s’infuse par le « lien qui unit ». Au passage, on attrape une définition qui n’est pas qu’un os à ronger : « Je te parle d’un chien – arbuste sauvage de l’identité stellaire ». Ainsi, l’homme se transforme en chien et devient chaque détail du tout : la fameuse porte ouverte des mages et des fous.

La présence de Valère Mouchet se manifeste par une mise en page pleine de suspens où les images et les textes se fécondent. Ici ou là, des silhouettes d’hommes et de femmes nus, des bustes sortant des limbes, des explosions naturelles, des zigzags d’ombres, des métamorphoses angoissées ou burlesques, des rayures en chuchotis, des idées en filigrane jouent aux sémaphores discrets. Une marionnette s’étire non loin d’une maison, un champignon atomique écrasé s’offre en illusion menaçante, un caniche se promène, s’allonge, privé de visage, en narguant une tête d’homme, un alambic est suspendu comme un panache… Les imbrications sont nombreuses qui font pression sur notre imaginaire sans jamais forcer le sens.

En lisant cet ouvrage, on se surprend à sortir du « tumulte de nos rouages ». Notre main devient sable, feuille, avant qu’un feulement s’empare de nous ou qu’un jappement nous échappe, ce qui, avouons-le, ne manque pas de chien. N’est pas bête qui veut. C’est une grâce. Qui a bu de cette parole aboiera.

©Alain Breton

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Claude SERREAU : Raisons élémentaires (anthologie). Préface de Martine Morillon-Carreau (Sac à Mots, éd. La Sauvagerais — La Rotte des Bois — 44810 La Chevallerais)

Valeur sûre des éditions « Traces » que dirige Michel-François Lavaur, Claude Serreau publie chez « Sac à Mots», que dirige le dynamique Jean-Marie Gilory, une anthologie de 120 pages, « Raisons élémentaires » qui reprend le titre de la plaquette sortie chez le même Lavaur il y a plus de 40 ans.

Fidèle parmi les fidèles, Claude Serreau publia presque exclusivement sous l’aile de «Traces », une dizaine d’ouvrages, tous voués à la lettre «R» en hommage à Cadou dans la filiation de l’École de Rochefort dont l’ambition était de servir l’homme dans ce qu’il a de plus subtil. Claude Serreau, habitué des rivages atlantiques qu’il n’a cessé d’arpenter, établit avec la mer une relation privilégiée :

« Quand bien même la mer aux hommes satisfaits
apporterait la fraîcheur d’un rivage »

Claude Serreau est, me semble-t-il, un romantique qui s’ignore. Ou feint de s’ignorer. Il est de cette époque – pas si lointaine pour beaucoup d’entre nous – où le…

« vieil autocar bleu
dépoussière le temps »

Les images se succèdent dans ce livre puissant, la poésie s’enrichit de neuves semailles, de couleurs sollicitées, de mots utilisés pour leur parfum ou leur saveur, pour leur clarté dans la page, leur luminosité, leur souplesse.

« Et si tous les oiseaux mouraient
comme des mots sans fin ployés »?

La modestie du poète ne doit en aucune façon nous conduire à occulter ou simplement ignorer ces pages, souvent admirables, qui donnent à la poésie du quotidien, un profil d’une singulière originalité.

« N’ayant d’autres secrets
que ces pans de mémoire
où les arbres ont pris
la place des vivants »

Il convient de saluer la sortie de cet ouvrages en tous points passionnant, le 40ème livre de poésie paru dans cette collection, préfacé avec talent par Martine Morillon-Carreau et édité avec goût par Jean-Marie Gilory et ses éditions « Sac à mots ».

©Jean Chatard

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Jean-Claude Albert COIFFARD : Voix Mêlées, préface de Charles Le Quintrec (100 pages, 15 €. Sacs à mots éditions, 2009)

Trois chapitres se partagent cet épais volume d’une poésie que salue dès l’abord Charles Le Quintrec en une belle, longue et utile préface qui souligne les divers aspects de l’écriture de Jean-Claude Albert Coiffard. Fidèle à ses amis, Coiffard honore le cher Jacques Taurand, Norbert Lelubre, Arlette Chaumorcel, Chris Mestas, Gilles Baudry, Henry Rougier et quelques autres parmi les plus authentiques poètes d’aujourd’hui. Voix Mêlées comprend trois chapitres distincts : « Le lutrin du jour », « Ce jour-là » et « Venise aux fontaines d’oiseaux ». L’ensemble forme un ouvrage dans lequel on respire un air plus pur et où le cœur hésite entre le bonheur esthétique et le tendre : parfois – les souvenirs – meurent de trop de bleu. Mais il n’y a pas que du bleu dans la poésie de Jean-Claude Albert Coiffard ! Il y a cette vie qui se donne et se prend, il y a l’aventure d’une journée, de toute une vie, et puis la mort au bout du chemin. L’oubli, peut-être… Il y a cette chaleur humaine qui a raison de tous les rites, ces brassements du cœur, cette palombe de l’espoir. Le poète, l’esthète, l’homme de culture, tandis qu’une larme de joie – échappée du silence, coule et disparaît dans la fange oubliée de Venise, alors que le créateur admire une fois de plus… la mer endormie – aux pieds de Murano… Le lecteur, lui, admire de l’ouvrage cette volonté d’aller à l’essentiel. Car Jean-Claude Albert Coiffard délaisse avec superbe le superflu pour se consacrer exclusivement à l’art qui nous concerne. La poésie, la véritable poésie est à ce prix.

©Jean Chatard

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Michel BAGLIN : Chemins d’encre (204 pages, 13 €. Rhubarbe éd.)

Les Chemins d’encre sont ici empruntés par Michel Baglin pour affirmer son appartenance à la fratrie des écrivains, poètes et romanciers de tous ordres. Il s’agit là d’un témoignage en lequel bien des poètes se reconnaîtront. Tout est prétexte à enrichir le créateur que, peu à peu, des rencontres littéraires confortent dans sa conception de la création. C’est d’abord le livre d’Ernest Hemingway, Le Vieil homme et la mer, que l’adolescent Baglin reçoit comme un cadeau et qui s’avère être un révélateur exemplaire des aspirations du tout jeune homme qui prend conscience petit à petit de sa relation privilégiée avec les mots. D’ailleurs, ils sont tous là les porteurs de magie ! Ceux qui nous invitent à la grande aventure ! Brassens et Vian mais également Arthur Koestler, André Gide, Albert Camus, Claude Roy et tant d’autres qui jalonnent ces Chemins d’encre avec leur fougue et leur talent, qui servirent d’exemple à celui qui devint journaliste, ami de la nature et de la vérité, puis écrivain. La lecture et l’écriture, c’est ce qui ouvre les mains et les chemins… Ainsi s’achève ce magnifique ouvrage dont les chapitres (« Sous le vent des pages », « Lettre de Canfranc », « Chemins d’encre », « Le poids des mots », « Comment dire » (carnets) et « Les pas contés ») rassemblent quelques morceaux choisis de l’un des meilleurs d’entre nous. Vient également de paraître, du même auteur : La Balade de l’escargot (256 pages, 16.90 €. Pascal Galodé éd.). Pour consulter le site de Michel Baglin : http://revue-texture.fr/

©Jean Chatard

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

Robert MOMEUX : Le Bien du mal (Le Luy de France, 2010).

Dans la plupart des textes réunis dans ce récent petit ouvrage de Robert Momeux, il est souvent question de chien : Et voyez le chien il sait bien que l’heure – Va bientôt sonner. Le ton est donné. Le pessimisme, doublé de fatalisme, s’insinue dans les mots du poème. On sait bien que le chien est le témoin attentif de nos angoisses et de nos peurs. Compagnon de tous les instants, l’animal connaît nos haltes et nos désirs. Il sait se hisser jusqu’aux trajets de la parole qui se mue en poème. Il est ce maillon entre instinct et intelligence, celui qui pressent les tremblements de terre avant l’homme et qui sait combien la mort est un accostage délicat pour chacun : homme et bête. Le chien n’est pas, cependant le seul élément marquant de cette poésie qui jongle, comme dans les précédents recueils, avec les mots du quotidien en offrant à chacun d’eux une place irremplaçable au sein de la formulation poétique. On retrouve, dans ce livre, les douces notations que Robert Momeux attribue aux hommes et aux femmes d’ici, avec cette tendresse qui n’appartient qu’à lui : Le temps n’a pas sa place – Le vent son mot à dire – Votre dernier été – Est plus beau que jamais. Le Bien du mal est un recueil de la maturité du poète, et son grand mérite (comme par le passé dans les œuvres de Momeux, mais avec une vigueur accrue, une limpidité dans l’expression) est de choisir les mots des humbles afin de montrer ce que l’homme démuni peut ressentir devant les échéances de l’existence : La mort, c’est lorsque tout s’arrête – Le petit bois devient plus sombre encore – Et la prairie s’enfonce dans le sol. Où est le Bien ? Où est le Mal ? Qui, à part quelques poètes, pourra déterminer la part de l’un et la part de l’autre sur les pauvres individus fragiles que nous sommes, à la recherche d’un bonheur que nous ne trouvons pas. Un livre bouleversant.

©Jean Chatard

(Note de lecture in revue Les Hommes sans épaules, n° 31, premier semestre 2011)

JACQUES TORNAY, FEUILLES DE PRÉSENCE, L’Arrière-pays, 10 €.

Le temps de quelques poèmes, l’on se découvre sur un chemin du bonheur, ouvert par une confiance impalpable, sans cesse renaissante, qui permet d’enjamber les rêches traverses du présent.

À chaque instant, le banal est converti en infini:

« La vibration de l’air
entre l’insecte et la plante sera la préface d’un miracle ».

La poésie naît de la confidence la plus ingénue, qui est aussi la plus grave:

« Je m’en remets à la manière
que j’ai d’être et de respirer ».

Jacques Tornay veut saisir les « occasions d’éternité », en laissant la moindre manifestation de mouvement et de vie lui révéler l’essentiel.

« Le ruissellement d’une lampe » libère du temps; la flânerie ménage des îlots de merveilleux:

« Les mares près des jardins légumiers
À force de s’étendre se transforment en océans ».

Même si « le bord de l’effondrement » se devine en filigrane des bonheurs d’exister, Jacques Tornay cultive, ou plutôt détient cette capacité de s’ouvrir des « nulles parts » où, voile à voile, les choses s’effacent dans une sorte d’illusion bouddhique.

Pourtant, c’est bien dans le sens de la réalité la plus méditée qu’il faut suivre le poète pour apprendre de nouveau les noms infinis du monde.

©Gilles Lades